Connaissez-vous l’expression « Tel père, tel fils » ? Ou encore « la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre » ? ll s’agit de deux citations très courantes, qui sont souvent portées à la dérision mais qui ne sont pas si anodines que cà. Nous sommes le reflet des personnes qui nous ont élevées. On le remarque souvent dans le mariage ou les relations amoureuses. Ces deux situations étant quasi inévitables dans une vie constituent un parfait lieu d’illustration de ce que nous avons vécu durant notre enfance. Les échanges avec l’être aimé, la façon de communiquer et de témoigner son amour résulte de ce que nous avons-nous même observé dans la dynamique de nos parents.
Au-delà de l’information génétique transmise par nos ancêtres, l’éducation et l’environnement dans lequel nous grandissons ont une importance capitale dans la définition de nous-même. Dans les écoles maternelles/primaires, on peut rapidement repérer un enfant épanoui vs un enfant maltraité à la maison ou dont on s’occupe peu.
Sous un autre angle : à votre avis, pourquoi dans le cadre d’un procès pour meurtre par exemple, l’avocat du meurtrier cherche souvent des circonstances atténuantes dans l’enfance de son client? Autrement dit, pourquoi l’avocat du meurtrier cherche à expliquer le comportement de son client basé sur des évènements perturbants de son enfance ? Des études ont démontré que les expériences infantiles défavorables ont des effets négatifs à long terme, laissant des traces significatives non seulement au niveau psychique mais également au niveau physique de l’enfant (Bonner 2006; Malacrea 2007).
Il ne s’agit en aucun cas de me positionner dans la négativité dans mon récit mais celle-ci capte plus l’attention et pousse plus facilement à la réflexion. Nous le savons très bien que tous les enfants ne sont pas maltraités et qu’ils existent des adultes équilibrés. Je vais donc vous commencer à vous entretenir dans une première partie avec UN CAS CONCRET (l’histoire d’un acteur très connu). Par la suite, dans une deuxième partie, je vous donnerai plus de détails sur le concept de BAGAGE TRANSGÉNÉRATIONNEL.
UN CAS CONCRET
Une des actualités de stars du moment, en mai 2022, c’est le procès de Johnny Depp et de son ex-femme Amber Heard pour diffamation. Au fur et à mesure du procès, ce qui ressortait étaient les accusations de violence de Johnny Depp envers son ex-femme. La réalité n’est pas ce que prétend l’accusatrice. Au contraire, l’accusé à plusieurs reprises préférer ne pas réagir ou même fuir face à la violence répétée de Mme Heard. Il a eu en fait la même réaction que son père face à sa mère.
Remontons un peu dans le temps
Johnny Depp est né dans les années 60 et a grandi dans un foyer toxique, plus précisément avec une mère toxique. La violence était aussi bien physique qu’émotionnelle et envers tout le monde de la maison, c’est-à-dire lui, son père et ses trois frères et soeurs. Très jeune, il a pu observer les attaques de sa mère envers son père, qui lui était non violent.
Ce dernier n’a jamais répliqué ou ne s’est mis en colère. Il a par contre abandonné son foyer parce qu’il n’en pouvait plus alors que le jeune Johnny avait 15 ans.
Johnny Depp s’est juré de ne pas reproduire le même climat dans sa maison dans le futur.
On peut se demander à juste titre, si son enfance ne lui a pas servi d’exemple inconsciemment malgré sa volonté de ne pas reproduire le modèle de ses parents. Le cas de Johnny Depp nous emmène vers le concept de bagage transgénérationnel.
LE BAGAGE TRANSGÉNÉRATIONNEL
Le bagage transgénérationnel est l’héritage conscient ou inconscient qui nous vient de la génération ou des générations avant nous.
Anne Ancelin Schutzenberger (créatrice de la psycho-généalogie) et Ghislain Devroede (chirurgien et professeur à l’hôpital de Sherbrooke) ont rédigé un livre ensemble intitulé « Ces enfants malades de leurs parents ». Ce livre nous explique entre autres que : Bien malgré nous, nos parents, nos grands-parents, nos aieux nous laissent en héritage leurs deuils non faits, leurs traumatismes non digérés et leurs secrets. Or, lorsque les choses ne sont pas dites, le corps, lui, les exprime parfois. Le corps de l’enfant, du petit enfant, de l’arrière petit enfant, quel que soit son âge devient alors le langage de l’ancêtre blessé.
Les auteurs nous partagent plusieurs histoires de patients dont celle d’Aurore. C’est une femme de trente-neuf ans qui se plaint d’une constipation constante et douloureuse depuis quatre années. En consultation, Aurore parle de son enfance minée par les abus sexuels. Sa vie sexuelle a été catastrophique par la suite. Elle parle également des abus subis par sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère. Elle finit par déclarer : J’avais fait pleins de connexion entre ma sexualité comme enfant d’abord, comme femme ensuite, et le comportement de mon gros intestin. Je crois que j’avais compris que je portais dans mon ventre la honte et la frayeur ancestrales de ma mère.
CONCLUSION
Nous arrivons sur Terre dans un environnement que nous n’avons pas choisi au préalable mais qui nous conditionne. Par contre, une fois adulte, nous sommes responsables de notre vie. Que choisissons-nous de faire ? Briser les tabous? Perpétrer le bonheur?
Un bébé dans le ventre de sa maman a des pré dispositions par rapport à sa future vie, sa sensibilité, ses goûts alimentaires, musicaux, etc. On pourrait pousser le sujet jusqu’à ce niveau-là car un bébé ressent les émotions de sa maman, reconnaît la voix de ses parents malgré tout le liquide dans lequel il baigne, malgré la paroi abdominale, malgré ce qui semble être un brouillard pour un si petit être. Prenons soin de nous et de ceux qui nous suivent, et ça commence beaucoup plus tôt que ce qu’on peut imaginer.
Chloé Candice Biyoghé
Chloe Bi
Bel article et merci car ça appelle à un éveil de conscience et nous interpelle sur nos choix et comportements.